La France, toujours première consommatrice de pesticides en Europe
Hier, les chiffres sont tombés : La France est toujours le premier pays européen consommateur de pesticides. Les trois cultures les plus consommatrices sont dans l'ordre, la vigne, le blé et le colza. L’arboriculture représente également une production très friande de produits phytosanitaires…
Pourtant en 2008, à la suite du Grenelle Environnement, une belle initiative était lancée : réduire de 50 % en 10 ans l’utilisation des produits phytosanitaires en France : c’est le plan Ecophyto ou Ecophyto 2018 (PLAN_ECOPHYTO). Mais voila, le constat en fin d’année 2014, soit 6 ans après le début du plan, est assez consternant : au lieu d’une réduction attendue de l’usage des pesticides, il a en réalité augmenté de 9 % (référence)
Mais pourquoi devons nous avoir recours massivement à ces produits et à quoi ça sert au juste un produit phytosanitaire ?
Le terme produit phytosanitaire ou pesticide regroupe de nombreuses substances très variées agissant sur des organismes vivants (insectes, vertébrés, vers, plantes, champignons, bactéries) pour les détruire, les contrôler ou les repousser. La majeure partie des pesticides est utilisée pour les besoins de l’agriculture, mais d’autres secteurs professionnels sont concernés : entretiens des voiries, jardins et parcs ; secteur industriel (fabrication, traitement du bois,…) ; usage en santé humaine et vétérinaire, dératisations…Il faut ajouter à cette liste les usages domestiques (plantes, animaux, désinsectisation, jardinage, bois).
Il existe une très grande hétérogénéité de pesticides divergeant selon leurs cibles, leurs modes d’actions, leurs classes chimiques ou encore leur persistance dans l’environnement. En tout il y a près de 10 000 formulations commerciales composées de la matière active et d’adjuvants et qui se présentent sous différentes formes (liquides, solides : granulés, poudres,...).
Vous pouvez vous faire une petite idée des nombreux produits existants en vous rendant sur le site e-phy, ce site met en ligne le catalogue actualisé des produits phytosanitaires et leur usage. Attention, cela peut faire peur : par exemple, pour lutter contre l’oïdium (un champignon bien connu pour faire des tâches blanches sur les feuilles) chez le blé, il n’existe pas moins de 396 produits ! Ces produits sont composés de différentes substances actives dont la toxicologie peut varier. Les phrases de risques présentes sur les produits indiquent les précautions à prendre et renseignent aussi sur la dangerosité de ces derniers : par exemple, on voit très souvent les phrases mentionnant « TRES TOXIQUE POUR LES ORGANISMES AQUATIQUES, PEUT ENTRAINER DES EFFETS NEFASTES A LONG TERME POUR L'ENVIRONNEMENT AQUATIQUE » ou encore «RISQUE POSSIBLE PENDANT LA GROSSESSE D'EFFETS NEFASTES POUR L'ENFANT » ou encore « EFFET CANCEROGENE SUSPECTE : PREUVES INSUFFISANTES »…
Mais alors pourquoi utiliser autant ces produits néfastes pour l’environnement et notre santé ?
Afin d’obtenir des produits en quantités suffisantes et de bonne qualité, l’agriculteur doit prendre des mesures pour limiter les pathogènes nuisibles (insectes, champignons, mauvaises herbes…). Il met donc en place différentes stratégies préventives et curatives (rotation des cultures, labours, variétés résistantes, utilisation d’auxiliaires…). Quand ses méthodes ne suffisent pas, les produits phytosanitaires sont nécessaires.
De nombreuses pétitions contre l’utilisation des pesticides près des habitations et des écoles engrangent de nombreux partisans (lien) et celles interdisant les pesticides dangereux contre les abeilles se font aussi entendre (lien)
Il est donc important que chacun d’entre nous fasse entendre son mécontentement face à l’ampleur que prend le phénomène ! Tellement d’autres alternatives sont possibles !
Les produits utilisés pour protéger les cultures ne sont pas tous toxiques ou polluants pour l’environnement et sont même tolérés en culture biologique. Le rapport ci-contre fait état des produits qui sont utilisables en culture biologique (téléchargeable sur le site de l'ITAB : www.itab.asso.fr/downloads/com-intrants/guide-protection-plantes6.pdf).
Ces produits sont surtout des substances naturelles minérales, végétales et animales qui ont des effets sur différents organismes nuisibles ; il y a d'ailleurs de plus en plus de sociétés qui se lancent dans le bio-contrôle utilisant des auxiliaires de culture (voir message du 23/08/2014) pour lutter contre les organismes nuisibles des cultures.
Si l’agriculture biologique arrive bien à proscrire les produits de synthèse, il est donc bien possible de s’en passer.
Maintenant, à vous de choisir ce qu’il est bon de consommer pour vous et pour la planète…